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Éditorial
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Photo Régis Golay © Archipel, 2014

Paul Valéry se moquait des artistes qui font «de l'original sans origine comme du café sans caféine». Quelle est la place des questions originelles dans un art, la musique contemporaine, qui s'est défini sur une table rase? La modernité peut-elle être sacrée? Retrouver le questionnement des anciens Grecs? Évoquer les mythes fondateurs, les civilisations antiques? Est-ce que la pensée de Pythagore, les recherches de l'Ars Nova, ou plus proche, la musique de Debussy, irriguent encore la musique d'aujourd'hui?

À toutes ces questions nous verrons qu'il faut répondre oui. Oui, la découverte au VIe siècle avant notre ère de la loi des cordes vibrantes, qui a donné naissance à deux millénaires de recherches sur l'accord des instruments et les tempéraments, est d'une brûlante actualité dans la musique contemporaine. Oui, la Genèse selon la Bible, la métempsychose bouddhiste, ou le rituel liturgique sont encore de puissants leviers de l'imaginaire. Oui, nous sommes contemporain de Sumer, Chronos est un de nos dieux, le théâtre grec toujours notre idéal, Debussy notre modèle, et lui-même poursuivait un passé idéalisé.
Archipel 2014 naviguera entre ces différents courants, ces résurgences du passé qui fibrent la modernité. Chemin faisant, traversant les époques et les styles, nous rencontrerons Pythagore, Machaut, Mozart, Debussy, nous irons à Sumer, en Égypte, à Rome… Nous arrêtant quelques instants à Genève à l'occasion du bicentenaire de son entrée dans la Confédération, et longuement aussi quelque part entre la Grèce antique et la Californie New Age pour y découvrir un opéra de Harry Partch mis en scène par Heiner Goebbels.

Marc Texier
directeur d'Archipel