Auteurs

Harry Partch
Compositeur américain né le 24 juin 1901 à Oakland, Californie, mort le 3 septembre 1974 à San Diego
Delusion of the Fury joué le 28 mars à 19h30

D.R.

Théoricien autodidacte, vivant en marge de la société et ignoré par la majorité des institutions musicales, Harry Partch a puisé son inspiration musicale hors de la tradition européenne et fut reconnu comme l'un des compositeurs les plus novateur, iconoclaste et authentiquement américain de notre siècle. Créer une musique monophonique, qui opère un retour vers ce que Partch considérait comme l'état primitif, rituel et corporel de la musique, abandonné depuis longtemps, surgie du discours humain et de l'acoustique naturelle, née des intervalles musicaux générés par des corps mis en résonance, fut pour Partch la tâche de toute une vie, commencée dès 1920.

Partch a grandi entouré de musiques de plusieurs cultures différentes. Né en 1901 à Oakland, en Californie, son enfance se partage entre la Californie, le Nouveau-Mexique et l'Arizona. En plus d'une initiation précoce à la musique mexicaine locale, puis à celle des Indiens Yaqui en Arizona, les parents de Partch, anciens missionnaires presbytériens en Chine, l'ont élevé au son des berceuses et des chants folkloriques. Il a appris à jouer sur des instruments achetés par correspondance, et composait déjà de façon prolifique pour le piano à l'âge de 14 ans.

En 1920, Partch s'inscrit à l'école de Musique de l'University of Southern California. Après deux ans, ayant le sentiment de ne rien acquérir de ses professeurs, Partch interrompt ses études et déménage à San Francisco où il fréquente les théâtres mandarins. Abandonnant l'idée de travailler avec des professeurs de musique privés, autant qu'avec ceux des écoles publiques, Partch commence à lire sur la musique dans les bibliothèques et compose sans restrictions académiques. Vers 1923, il commence à rejeter la musique de concert européenne et son système de division del'octave en douze demi-ton égaux : le tempérament égal. Ce rejet de Partch tempérament égal et son adhésion aux principes de l'intonation juste (c'est-à-dire où les intervalles sont des rapports entiers de la fréquence des notes constitutives, et s'approchent le plus possible des harmoniques naturelles) l'ont amené à diviser l'octave en 43e de ton, ce qui le conduisit à inventer de nouveaux instruments. Sa rupture décisive avec la tradition musicale européenne est véritablement consommée en 1930 lorsqu'il brûle l'équivalent de quatorze années de son travail de composition.

Les oeuvres de Partch des années 1930 à 1940 sont créées pour ses propres instruments, avec des présentations intimistes de poèmes chinois, de versets bibliques, de scènes et chants de Shakespeare et de textes de vagabonds américains [hobos]. Alors qu'il construit des percussions et des instruments à cordes, Partch se tourne dans les années 1950-1960 vers des compositions de grande échelle, théâtrales et dramatiques. Il fut accueilli avec enthousiasme par le public et soutenu par des élèves de l'université lors de diverses collaborations avec les institutions académiques, mais les départements de musiques lui sont généralement demeurés relativement hostiles. Aussi ses compositions, écrits, instruments, ainsi que sa promotion musicale furent-ils toujours tributaires des ventes, réalisées par souscription, de ses enregistrements, de ses emplois occasionnels et du soutien de ses amis et partisans.