Œuvres

Wolfgang Amadeus Mozart
Quatuor en Fa majeur, K. 370  1781 #12mn
pour hautbois et trio à cordes [hb, vl, va, vc.]
Allegro ■ Adagio ■ Rondo. Allegro
Joué le 23 mars à 11h
Photo Régis Golay © Archipel, 2014

Dès l’âge de 12 ans, Mozart eut un grand intérêt pour le hautbois, qui s’est concrétisé dans l’écriture de son premier solo dédié à l’instrument et perdurera au travers de la composition d’œuvres du répertoire jusqu’à l’année de sa mort en 1791. Est-ce en raison de l’émancipation de la facture du hautbois dès la période Classique, permettant ainsi de nouvelles expériences expressives et musicales?

Pour l’interprète, les différences de sensation et de répondant entre les hautbois de Bach et Mozart demeurent considérables. L’un des éléments de cette nouvelle douceur de timbre est lié à la question des dynamiques : le hautbois classique, dont la tessiture s’élargit naturellement, est plus doux dans les registres aigus particulièrement et extrêmement sensible aux corrections d’intonations, demandant ainsi une technique de doigté plus raffinée. De fait, la période classique présente de nouvelles exigences non seulement pour les hautboïstes, mais également pour les compositeurs. Face à ces nouveaux procédés de jeux, le choix des interprètes de qualité - pour les compositeurs désireux d’expérimenter les nouvelles possibilités techniques de l’instrument - est déterminant. Durant sa carrière, Mozart eut l’occasion de travailler avec différents hautboïstes de qualité ; cependant, seul Friedrich Ramm peut se targuer d’avoir inspiré au compositeur plusieurs œuvres solistiques capitales pour le répertoire.

Mozart, âgé de 24 ans, a passé la deuxième moitié de 1780 à travailler sur son opéra Idoménée. À cette occasion, il se rend à Munich pour rencontrer Charles Théodore de Bavière, commanditaire de l'œuvre. C’est alors que Mozart prend contact avec Friedrich Ramm, hautboïste de l'orchestre de cette ville dont la remarquable virtuosité et la beauté de son expressivité sonore l’avaient ravi. Il rédige aussitôt le quatuor K.370, pièce qui, en dépit de ses dimensions restreintes en trois mouvements - Allegro, Adagio et Rondeau - est digne de la comparaison avec le célèbre quintette avec clarinette K.581.

L’écoute de ce quatuor nous plonge dans un univers à mi-chemin entre de la musique de chambre sérieuse et le concerto de soliste. Cependant, l’esprit concertant n’est pas abandonné et l'œuvre parvient à l'allier à une conception plus confidentielle de la musique de chambre où la chaleur des timbres est au service de l'expression. Après un premier mouvement enjoué et gracieux de forme sonate, cette sensation d’intimité secrète est particulièrement prégnante dans le délicat Adagio en Ré mineur qui suit ; il émane alors du hautbois de longues lignes mélodiques mélancoliques avec accompagnement d’accord aux cordes. Un Rondeau enjoué clôt la pièce dans laquelle on perçoit une polyrythmie astucieuse ainsi que certains passages virtuoses, particulièrement dans l'avant-dernière variation.

Orane Dourde