Par le simple rejet de l'intentionnalité jugée si nécessaire à la composition, John Cage a su changer la nature de la musique telle qu'elle est perçue habituellement en acceptant les résultats des opérations aléatoires, en admettant la possibilité d'une indétermination au niveau de la composition et des concerts, et en ouvrant sa musique à tous les types d'instruments. L'ensemble de ses oeuvres est d'une variété remarquable, par la seule liberté qui s'en dégage, son art témoigne d'une personnalité à part: à la fois candide, ouverte, et d'un naturel heureux.
Après avoir travaillé comme jardinier en Californie, John Cage parcourt l'Europe de 1930 à 1931. En 1934 il se met à étudier la composition d'abord avec Cowell à New York puis avec Schoenberg en Californie. C'est du reste de cette époque que datent ses premières compositions, véritables essais sur la dodécaphonie non sérielle. En 1937, il s'installe à Seattle où il forme un orchestre de percussions, avant d'en monter d'autres à San Francisco, Chicago et New York (où il réside à partir de 1942).
Par le matériel nécessaire à la réalisation de ses premières oeuvres, on distingue déjà la volonté de John Cage d'accepter tout ce qui semble peu orthodoxe: comme l'usage de boîtes de conserve dans son instrumentarium ou encore de dispositifs électriques pour la première fois dans des œuvres composées. Autre innovation encore, qui fera sa gloire, celle du piano préparé, qui transforme cet instrument en un véritable orchestre miniature de percussions. C'est la principale invention de John Cage au cours des années 40, qu'il emploie dans des partitions pour ballets (il travaille souvent en collaboration avec des compagnies de danse, notamment avec celle de Merce Cunningham), et dans grand nombres d'œuvres de musique de chambre comme les Sonates et Interludes. Son enthousiasme pour les philosophies asiatiques le mène à la fin des années 40 à une étude très approfondie du Zen. Cela le conduit ensuite à nier l'intentionnalité dans l'acte créateur: il recourt au I Ching, donc au
Pendant les années 60, il s'intéresse davantage à l'électronique live, surtout avec Cartridge Music pour les sons faibles amplifiés, et Variations. Il choisit également de se consacrer davantage aux mixed media, en utilisant sept clavecins amplifiés, de multiples bandes enregistrées et des effets de lumière spéciaux dans HPSCHD. Dans ses œuvres ultérieures, il s'inspire de toutes ses expériences, en passant de la composition aléatoire avec méthode d'écriture conventionnelle (Etudes australes, pour piano, Chorals, pour violon) à la notation graphique pour orchestre (Renga) et des expériences sur la description verbale avec des instruments naturels (Branche, pour instruments naturels amplifiés, Inlets, pour des coquillages remplis d'eau). Toute l'évolution de son expression montre que John Cage est plus un créateur dans le sens large qu'un compositeur traditionnel. Son but était de refuser toute idée d'intentionnalité dans l'art pour favoriser la notion de liberté. «Etre artiste, disait John Cage, c'est être engagé par soi-même, et non par quelqu'un d'autre». John Cage est mort à New York, le 12 août 1992.