Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein entame des études d'ingénieur à l'université de Petrograd en 1914, études qu'il se voit obligé d'interrompre quand éclate la révolution d'octobre 1917 pour intégrer l'école des élèves officiers du génie. Proche des bolcheviks, il s'engage dans l'Armée Rouge en 1918. C'est à cette période qu'il découvre le théâtre et devient chef décorateur et animateur du premier théâtre ouvrier créé par le mouvement d'action artistique et d'éducation populaire du Proletkoult (mouvement de culture prolétarienne).
En 1924, le Proletkoult charge Eisenstein de la réalisation d'un film dans le cadre d'une série de sept films consacrés aux luttes sociales d'avant la révolution d'octobre. Il réalise alors La Grève, qui lui apporte une renommée certaine, mais c'est avec Le Cuirassé Potemkine, considéré dès sa sortie comme un chef d'œuvre, qu'il devient célèbre et s'impose auprès du régime. En 1927, le Parti lui passe commande d'un film pour commémorer le dixième anniversaire de la révolution bolchévique. Ce sera Octobre, suivi un an plus tard de La Ligne générale.
De 1929 à 1938,
De retour à Moscou, Eisenstein est mis à l'index par le Parti qui interdit son nouveau film, Le Pré de Béjine. Accusé de «formalisme», Eisenstein est forcé de faire une vaste autocritique qui l'amènera à annoncer publiquement que désormais il est décidé à faire des films «conformes à la vie». Staline lui passe alors commande d'un premier film sonore; Alexandre Nevski connaît un énorme succès auprès du public et réconcilie le cinéaste avec le régime qui lui confie en conséquence la réalisation de Ivan le Terrible. Eisenstein mettra cinq ans avant de livrer une première version du film qui se verra largement amputée sous prétexte qu'elle n'est pas conforme à l'histoire. Dix-huit mois plus tard, en 1948, Eisenstein s'éteint à Moscou sans en avoir terminé la réalisation.