Festival Archipel 2010
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Kojima: Le Chant des fées 2
Kowalski/Schöllhorn: Poèmes d’après le «Pierrot lunaire» d’Albert Giraud
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Kowalski, Max
D.R.

Il va sans dire que le Pierrot lunaire de Kowalski n’a pas l’importance de celui de Schoenberg. Œuvre de salon, au langage conservateur, aux nombreux passages grotesques, elle est pourtant fascinante par sa proximité au célèbre modèle. Elle est, en quelque sorte, cet « air du temps » d’où se dégage la figure originale du Pierrot Schönbergien. On y mesure toute l’originalité de Schoenberg mettant en musique Giraud/Hartleben, notamment dans les six poèmes qui sont communs aux deux œuvres (Schönberg utilise 21 des 50 poèmes de Giraud dans la traduction d’Hartleben. Kowalski, seulement 12). La composition originelle de Kowalski était pour voix et piano ; sa création en France, à Royaumont en 1993, l'a été dans un arrangement qui lui fait retrouver la formation du Pierrot, c’est-à-dire pour voix et flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano. Instrumentation qui est devenue la plus courante de la musique de chambre du XXe siècle.

Mais Johannes Schöllhorn, qui aime résoudre avec le sourire les adaptations épineuses (n’a-t-il pas déjà écrit une paraphrase d'Explosante-Fixe de Boulez, alors que celle-ci n'était pas encore achevée !), a réalisé cette instrumentation en transcendant l’original, ne tentant jamais de se rapprocher de l’expressionisme de Schoenberg, mais retrouvant bel et bien le caractère de Pierrot. La musique de Kowalski y est avivée, contrastée, commentée avec humour. Les nouveaux instruments font jaillir les intentions trop timorées de Kowalski, laissant apparaître le Cabaret là où n’était que le Salon, mêlant le tango avec les chants yiddish, le caquètement des cigognes aux citations qui se fredonnent, de Carmen à Ravel, et même… un peu de Schoenberg.

Marc Texier