Seule l'audition permet une perception à 360°. L'enregistrement binaural (en plaçant un micro devant chaque oreille) retransmet parfaitement cette impression d'immersion et de plans sonores qui se superposent. Dans une phonographie ou une composition de paysage sonore, le musicien choisit de mettre en avant certains de ces plans grâce au cadrage temporel et spatial. Genève possède sans doute une réalité sonore, mais, malgré des micros sensés être objectifs, le preneur de son a une écoute subjective que l'on retrouve dès la prise de son, puis dans la composition ou le montage. Un même son aura une multitude de sens selon l'histoire et l'attention de l'auditeur - le compositeur nous donne un point de vue le plus cadré possible, mais qui reste aussi interprétable.

Je propose d'abord une promenade de 40 minutes dans la ville. Eau, lumière, espace, déplacements, langues, stress, commerce, musique, nostalgie, tourisme, la pollution sonore commune à toute ville. Les moteurs ou cette rumeur continue sont-ils des bruits si indésirables, ou peuvent-ils en contrepoint sur-expressif nous rappeler que nous sommes urbains ?

Puis je m'évade de cette réalité sonore. Tel moteur, telle trajectoire sonore inspire le musicien électroacoustique qui souhaite composer avec les sons pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils ont de plus musical et non pour ce à quoi ils se réfèrent.