Scelsi: Au centre du son



D.R.

En raison de la radicalité de son langage, Scelsi est sans modèle et restera sans véritable descendance. Il commence à composer vers 1928. Il est constructiviste, il est scriabinien, il est dodécaphoniste, il est contre la série, il s’inspire de l’Inde… Il connaît le succès, de grands artistes le jouent : Pierre Monteux, Roger Désormière, Nikita Magaloff… Puis on l’oublie.

Installé en Suisse dans les années 1940, il traverse une grave crise qui le conduit à être interné quatre ans en clinique psychiatrique où il se soigne seul en jouant interminablement un Do sur le piano de l’établissement. C’est ainsi qu’il invente son véritable langage : atteindre, par l’humilité contemplative, aux battements infinitésimaux du son, cœur vibratoire de l’art.

Ce « Son sphérique », ainsi qu'il l'a nommé, et au sein duquel il nous invite à pénétrer, cette simplification radicale du discours musical centré sur une seule note et la mise en tension de ses fluctuations, le place pour longtemps en porte-à-faux avec la complexité des musiques sérielles de l’époque. Elle annonce cependant la musique spectrale et les principaux développements actuels de la création musicale. Depuis sa mort, on commence à prendre la mesure de son génie. Juste retour des choses : cette musique inventée en Suisse c’est à Genève qu’on pourra en entendre la genèse et l’efflorescence avec des œuvres de chaque décennie de sa création depuis les années 1930.

L'Ensemble Contrechamps, le New London Chamber Choir dirigé par James Wood, le violoncelliste Arne Deforce, l'Ensemble des Percussions du Conservatoire dirigé par William Blank, et de nombreux musicologues spécialistes du compositeur sont réunis le premier week-end d'Archipel, puis lors du concert de clôture pour nous transporter dans ce voyage au centre du son.

Marc Texier

Dernière modification de la page: samedi 10 février 2007. Ce site nécessite un écran 1024x768, javascript activé. Utilisez de préférence Firefox, Camino ou Safari, à la rigueur IE6.